En avant

A présent que j'ai ouvert la porte, il ne m'est plus possible de la refermer. Je pourrais écouter ma peur et fuir à grandes enjambées. Celle que j'étais avant aurait fait cela, la crainte de souffrir lui aurait fait refuser le bon, elle se serait carapatée, cadenassée à double tour, se serait rendue inaccessible. Mais il n'est plus question de cela, la vie, de son flot continu, m'apporte un bonheur entêté, presque effronté. Et la raison, qui dit qu'il est trop tôt et qu'il ne faut pas, finit par aller se rhabiller et déserter les lieux. Pourtant, mon passé proche, en va-et-vient incessants, s'infiltre dans chaque heure; pourtant, il est là, et je le considère, étonnée de cette confusion. Mais, même si cela ne doit pas durer, je préfère contre mon corps la douceur d'un autre corps que les larmes de ces derniers mois, et contempler des yeux clairs et entendre un rire insouciant m'est bien plus agréable que la souffrance du regret et l'injustice d'un deuil interminable. Et c'est cette évidence-là qui me fait avancer.

Comments

[temps]

La peur est toujours une amie, jamais une bonne conseillère.
Cordialement